Il est temps de faire le point sur ma vie numérique.
Depuis plusieurs mois, mes journées sont rythmées par des routines dictées par des algorithmes.
Mon téléphone est doté d’une précision implacable.
Il m’indique quand me lever, quand méditer, quand prendre une pause et quand m’hydrater.
Une petite voix virtuelle me rappelle de faire du sport, de lire et d’écrire.
Les suggestions s’affichent comme des notifications, auxquelles je réponds de manière quasi-automatique.
Mes playlists, soigneusement générées par YouTube en fonction de mon humeur orchestrent ma journée…
Tandis que mon réveil intelligent s’adapte naturellement à mes cycles de sommeil.
Mon agenda, à la manière d’un assistant personnel zélé, réorganise mes rendez-vous selon mes déplacements.
Une application gère mes courses de manière à épouser mon régime alimentaire.
J’ai laissé l’intelligence artificielle prendre le contrôle de mon quotidien.
Au fil des semaines, les algorithmes sont devenus mes copilotes silencieux.
Avec une efficacité redoutable, ils anticipent mes besoins, optimisent mon temps et rationalisent mes choix.
À première vue, cela peut sembler idéal.
Plus besoin de réfléchir, puisque tout est minutieusement calculé.
Cependant, cette délégation systématique a un prix : celui de ma liberté.
En effet, les algorithmes ne sont pas programmés pour favoriser les imprévus, les découvertes fortuites, ou les rencontres impromptues.
Inexorablement, ils nous enferment dans des boucles prédictives.
Les algorithmes nous privent de notre spontanéité.
Je vais donc tenter de reprendre la main sur certains aspects de ma vie.
Il est temps de réapprendre à écouter mes envies, plutôt que mes notifications.
Doucement, je vais laisser place à l’improvisation, aux détours et aux erreurs.
Demain, je commencerai par désactiver quelques automatismes.
Je veux voir ce qu’il se passe quand on sort des sentiers tracés par les lignes de code.
Je souhaite ainsi redécouvrir le plaisir de décider par moi-même.
Il faut réapprendre à se perdre, pour mieux se retrouver.