L’art est un simple loisir

L’art est un simple loisir

En France, on n’aime pas les créatifs.

Quand un enfant annonce qu’il veut devenir artiste, ses parents lui adressent un regard inquiet.

Ils masquent leur déception derrière un sourire forcé.

L’art n’est pas considéré comme une activité légitime, mais comme un passe-temps.

Dans les écoles, on enseigne les mathématiques, les sciences et l’histoire.

La musique, le chant, le théâtre et les arts plastiques en sont réduits à deux heures par semaine.

Ces disciplines n’ont pas la même valeur que les autres.

Je me souviens de ma prof principale qui méprisait les élèves des filières artistiques.

Tout en haut trônent les médecins, les avocats et les ingénieurs…
Tout en bas, les artistes.

Dans les dîners de famille, on ne demande jamais à l’oncle peintre combien il gagne, mais on félicite le cousin qui vient d’être embauché dans une banque.

Dans la vie professionnelle, les créatifs sont exploités sans vergogne.

On les oblige à travailler « pour la visibilité », « pour l’expérience » ou « pour le portfolio ».

Des euphémismes qui signifient simplement, bosser gratuitement.

Pour les profils créatifs, c’est malheureusement devenu la norme.

On leur rétorque qu’ils ont de la chance de pouvoir vivre de leur passion.

Une phrase perfide, qui sous-entend que le plaisir de créer devrait être équivalent à une rémunération.

Un boulot épanouissant ne mérite pas d’être payé.

La révolution numérique a démocratisé les outils de PAO, permettant à chacun de s’improviser photographe, graphiste ou vidéaste.

Cette accessibilité a dévalorisé les compétences professionnelles.

On peut maintenant entendre : « Mon neveu pourrait faire pareil avec son téléphone ».

Cela réduit un savoir-faire à une manipulation technique.

Les artistes doivent se battre pour continuer d’exister.

Ils sont en concurrence avec des amateurs prêts à travailler pour rien.

Le tout, avec la complicité de plateformes qui proposent des logos pour une poignée d’euros, et des algorithmes qui génèrent des images, des textes et des musiques en masse.

La technologie, censée libérer la création, est devenue son bourreau.

L’intelligence artificielle en est l’exemple.

Rien n’échappe à son appétit vorace.

Les créatifs sont confrontés à un dilemme : utiliser ces outils pour rester compétitifs, au risque de contribuer à leur propre disparition…
Sinon, ils se feront dépasser par ceux qui les adoptent.

Cette dévaluation a des conséquences sur la vie des créateurs qui tombent dans la précarité, l’insécurité financière et l’absence de protection sociale.

Ils enchaînent les contrats courts, les missions ponctuelles et les projets incertains, en priant qu’un accident, une maladie ou une période creuse ne vienne pas tout faire basculer.

Pourtant, ce sont eux qui façonnent le monde dans lequel nous vivons.

Ils conçoivent les espaces où nous habitons et les objets que nous utilisons.

Ils créent les images et les histoires qui nous font rêver.

Sans les profils créatifs, notre environnement serait uniforme, monotone et dépourvu de sens.

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